18 novembre 2014

Ce qui fait un bon éducateur par Yann de Cacqueray

chateauorveau2Yann de Cacqueray est un éducateur chevronné. Il a longtemps dirigé l’Espérance à Sainte-Cécile (85), un établissement catholique dans l’esprit mais juridiquement laïc sous contrat. Il pilote à présent un autre internat, Notre-Dame-d’Orveau (49), qui est catholique sous contrat.

Notre blog a posé cinq questions, volontairement générales, à Yann de Cacqueray, dans l’idée que ses réponses pourront guider utilement les jeunes éducateurs.Qu’est-ce qu’un bon éducateur pour vous ?

Un bon éducateur se définit d’abord par sa finalité. Il est celui qui doit faire passer de l’état de dépendance à l’âge adulte. Ceci nécessite de sa part un vrai discernement de l’objectif : Il ne doit pas faire un clone, il ne doit pas accepter n’importe quoi. L’être humain est fait pour la connaissance et la contemplation. Chaque éducateur sera comptable de ce qu’il a permis à ceux qui lui sont confiés de connaître et de contempler.

Comment fixer le juste équilibre entre discipline et liberté ?

Les qualités majeures d’un éducateur aujourd’hui me semblent donc être le bon-sens et la justice.

Le bon-sens est le premier rempart contre ce qui guette nos jeunes : l’idéologie et le laisser aller. En effet dès que je réfléchis à ce qu’est l’être humain qui est en face de moi, je vois bien que je vais devoir lutter contre son penchant naturel vers la paresse mais aussi contre tous les excès de sa jeunesse ; et là le bon sens seul peut me guider. Bien sûr les études de psychologie, les formations diverses peuvent m’aider mais au final, hic et nunc seul mon bon sens peut me permettre de prendre une décision intelligente

La justice parce qu’il est capital de rendre à chacun ce qui lui est dû. Celui-ci a besoin d’être encouragé, celui-là d’une belle réprimande, et pourtant ils ont fait la même chose. Mais je suis l’éducateur et je vais donc devoir manifester ma responsabilité et ne pas me dérober.

Quelle est la source de l’autorité selon vous ?

Il n’y a pas d’autre source de l’autorité que la reconnaissance de notre dépendance : c’est parce que j’ai accepté la délégation de pouvoir de Dieu et des parents que je peux exercer une autorité légitime.

Si mon autorité vient de moi elle va être écrasante et pesante car je n’ai pas de légitimité mais si elle est reçue de ceux qui l’ont eu naturellement alors elle est un vrai service.

L’exemple le plus criant dans le monde scolaire c’est la demande d’autorisation. Souvent les parents demandent l’autorisation de faire faire ceci ou cela à leurs enfants. Je ne peux que la leur refuser car ce sont eux les éducateurs de leurs enfants ! Ils décident et m’informent mais je n’autorise pas.

Qu’est-ce qu’une éducation (scolaire) réussie ?

L’éducation scolaire ne peut être que le complément de l’éducation familiale si nous allons au-delà, nous sommes dans un rôle qui n’est pas le nôtre. Mais cette délégation d’autorité n’est pas du tout mineure elle suppose la confiance et un suivi des décisions. Dans tous les cas et même si, par ailleurs, il peut y avoir des discussions fermes et houleuses, une éducation scolaire réussie repose d’abord sur une très grande unité entre les éducateurs. D’où l’importance de l’équipe et de la proximité. Les jeunes comprennent très vite où sont les failles.

Qu’est-ce qu’un directeur d’établissement scolaire libre ?

La liberté du chef d’établissement passe par plusieurs domaines :

  1. Le choix des familles : si les familles sont contraintes de nous confier leurs enfants alors il n’y a plus de décision éducative et pédagogique ; nous devenons des fonctionnaires ;
  2. Le choix de l’équipe : on n’imagine pas un entraîneur sportif devant composer avec des gens qu’il n’a pas choisis et qui ne souhaitent pas travailler avec lui ; et pourtant notre liberté de choisir les collaborateurs est de plus en plus rognée ;
  3. Les choix pédagogiques : si je milite pour des examens nationaux facteurs d’unité nationale je suis convaincu que les choix pédagogiques doivent être très diversifiés pour répondre aux besoins d’élèves très divers.
  4. Enfin, la liberté financière qui n’est que l’application du principe de subsidiarité. Si je suis responsable de mon budget et que mes investissements sont le fruit de mon épargne alors je vais éviter le gaspillage. D’où l’enjeu majeur du chèque scolaire qui est le seul moyen de rendre aux familles la vraie liberté.

Notre-Dame-d’Orveau organise une journée portes ouvertes ce samedi à Nyoiseau (49) de 13h à 17h.

Pour plus de renseignements : www.orveau.com ou 02 41 92 26 61.

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