16 septembre 2012

La Finlande : un modèle de performance éducative

Malgré une situation qui semble plutôt défavorable : isolement géographique, quasi absence de ressources naturelles, indépendance récente, la Finlande a connu, dans la deuxième moitié du XXe siècle, de nombreuses réussites qui ont suscité la curiosité de ses voisins européens. Dans son livre*, Alain Bournazel analyse rigoureusement les clefs de la réussite : réformes de l’éducation, de la formation, organisation économique et sociale, volonté de performance… sans toutefois oublier les lignes de faiblesse.

Reléguée à l’extrême nord du continent européen, la Finlande a été marginalisée pendant des siècles. Son indépendance politique ne date que de 1917, lorsque s’effondra la Russie tsariste. Et il faut attendre la dislocation de l’URSS, en 1991, pour que la Finlande soit complètement libérée de

la pesante tutelle soviétique. Aujourd’hui, la Finlande s’impose comme un pionnier de la réussite industrielle, un phare de la société d’information et de communication. Ces succès qui étonnent le monde n’auraient pas été possibles si la Finlande ne s’était pas dotée d’un système éducatif performant qui la place dans le peloton de tête des pays de l’OCDE.

Un système éducatif performant

La réforme du système éducatif constitua le grand chantier qui permit de réaliser le socle de la réussite finlandaise. Cette réforme ne fut pas conçue à partir d’un schéma abstrait mais comme un moyen de répondre aux exigences de la société moderne dominée par les échanges au plan national ou international, tout en prenant en compte les besoins des individus. Les mots clefs sont équité, qualité, efficience, internationalisation.

La création des écoles polyvalentes pour les élèves de 7 à 16 ans, avec la liberté des maîtres dans la conduite des enseignements, l’implication des élèves dans la mise en œuvre des enseignements, constituent les éléments majeurs d’une réussite exceptionnelle. Un ensemble de matériels et de services accompagnent la scolarité des enfants et favorisent le travail en commun : ateliers de composition pour le bulletin d’informations, ateliers d’arts manuels, de musique, d’expression théâtrale, d’initiation à l’écologie, etc. Les élèves apportent leur contribution à la vie de l’école : arrosage des plantes, nettoyage de l’aquarium, collecte des papiers, etc. Les parents d’élève ne sont pas considérés avec suspicion mais sont les bienvenus dans l’espace scolaire. Ils peuvent assister au cours. Leurs connaissances sont mises à contribution dans les ateliers et les cours du soir. Il est à noter que les inspecteurs généraux de l’Education nationale ont été supprimés. Les enseignants ne font l’objet d’aucun autre contrôle que ceux éventuels de leur chef d’établissement ou du conseil de classe. Mais le bon niveau des classes dans lesquelles les parents sont fortement impliqués, rendent désuets ces contrôles qui sont en France l’objet de traumatisme pour bien des enseignants. En Finlande, la notion de suivi des élèves remplace celle de contrôle des enseignants.

Dans les enquêtes PISA** conduites par  l’OCDE, le système finlandais d’enseignement  initial apparait comme un des plus performants au niveau mondial*** que ce soit pour la compréhension des textes, la culture mathématique, la culture scientifique. Ajoutons qu’à l’opposé du système français, le système finlandais ne reproduit  ces écarts de niveaux qui perdurent entre les catégories sociales.

La réforme de l’enseignement initial se prolonge actuellement au niveau de l’enseignement supérieur et de l’éducation des adultes, qui ne se limite pas à la formation professionnelle. C’est une translation vers le haut de l’ensemble des qualifications qui est entreprise pour réaliser une meilleure adaptation aux besoins du marché du travail. Un programme spécifique destiné aux chefs d’établissement et aux enseignants accompagne la réforme pour accroître les compétences des personnels impliqués dans la mise en œuvre de l’enseignement.  Cette mutation va de pair avec le développement des échanges éducatifs dans le cadre des programmes européens et l’utilisation accrue des dispositifs permettant les transferts des diplômes professionnels. En 1991, cinq Finlandais sur cent œuvraient dans le secteur de la recherche et du développement. Dans les années 2000, le pourcentage était supérieur à vingt, soit trois fois la moyenne de l’OCDE. La compétitivité globale de la Finlande qui se situait avant 1990, à la quinzième place dans le classement du Forum mondial, s’est hissée de manière durable dans les premiers rangs.

L’éducation des adultes

L’éducation des adultes tient en France une place marginale. En Finlande, elle est une composante essentielle du système éducatif. Elle s’adresse aux personnes engagées dans la vie active. Largement subventionnée par l’Etat et les municipalités, elle relève d’une conception large de l’éducation. Elle englobe l’enseignement général et professionnel et aussi la formation en situation de travail. Mais elle n’est pas enfermée dans le champ professionnel. Elle s’étend en effet aux études engagées à titre personnel, sans finalité particulière et même sans rapport avec l’activité exercée. Les Finlandais appellent « éducation libérale » cet enseignement non formel qui ne prépare pas à un diplôme, à une qualification ou à une tâche particulière, et qui ne relève d’aucune formalisation ni dans son contenu ni dans sa mise en œuvre mais qui joue néanmoins un rôle important dans la construction de la personne. Cette éducation est principalement centrée sur le développement personnel, la citoyenneté, les activités récréatives. Elle est considérée comme un élément fondamental de la démocratie, de la cohésion sociale, de l’exigence d’égalité, et de cette forme de société de la connaissance que l’éducation tout au long de la vie doit promouvoir.

L’efficacité du modèle finlandais réside dans la capacité de ce pays à concevoir, définir et mettre en œuvre des réformes structurelles à long terme et surtout à les évaluer, indépendamment des changements qui peuvent intervenir dans les majorités politiques. Ceci contraste singulièrement avec les errements français qui multiplient de manière brouillonne  les réformes du système éducatif sans jamais les évaluer.

Une économie qui compte sur le plan mondial

La rénovation du système éducatif a fortement contribué à faire de la Finlande un pays moderne. Sans être un grand pays, la Finlande est aujourd’hui un pays qui sur le plan économique compte au niveau mondial. Elle reste en pointe sur les secteurs de pointe. Elle a contribué à l’extraordinaire croissance des téléphones portables, du commerce électronique ; elle est le premier pays au monde à avoir adopté la carte d’identité numérique. Elle est la nation la plus connectée du monde. Elle apparait comme une préfiguration de la société de demain, ouverte sur l’extérieur et dans laquelle la communication et les échanges jouent un rôle majeur.

*Alain Bournazel, énarque et spécialiste de l’éducation vient de publier Le défi finlandais – Pour un modèle éducatif, économique et culturel aux éditions Arnaud Franel.
** Le programme international pour le suivi des élèves (PISA) évalue les compétences des élèves ayant entre 15 et 16 ans.
*** cf. Article du blog de la Liberté scolaire.
Le communiqué de presse de la parution du livre : ici.
Retrouvez une vidéo du système finlandais ici.

Partager sur :

Facebook
Twitter
Pinterest
WhatsApp

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée

Poster commentaire