8 septembre 2014

L’enquête TALIS de l’OCDE dresse un tableau très noir des enseignants français

Prise par Fawzia 2011 (5)Pas d’école performante sans professeurs motivés et compétents. Qu’en est-il en France ?

La deuxième enquête TALIS (Enquête internationale sur l’enseignement et l’apprentissage), publiée par l’OCDE le 25 juin 2014, porte sur les conditions de travail et la perception du métier par les enseignants. Et pour la première fois, la France a participé à cette enquête TALIS, aux côtés de 33 autres pays de l’OCDE. Pas moins de 106.000 enseignants dans le monde, dont 3 000 enseignants de collège et chefs d’établissement français, ont répondu à un questionnaire, montrant le mauvais état de la condition enseignante française.1- L’enseignant français ne se sent pas valorisé

Même s’il aime son métier, qu’il serait prêt à choisir de nouveau si c’était à refaire, l’enseignant français (ou plutôt l’enseignante dans 68 % des cas) ne se sent pas valorisé. Seulement 5 % d’entre eux pensent avoir une bonne image contre 31 % en moyenne dans l’OCDE.

2- Il passe plus de temps que ses collègues à faire de la discipline en classe (16 % du temps contre 13 %).

3- Il manque de temps à octroyer à ses élèves ou à leurs parents au collège en dehors de ses cours.

4- Alors qu’il est encore jeune et inexpérimenté, il est bien plus souvent envoyé dans les collèges difficiles que ses collègues de l’OCDE : 45 % des jeunes enseignants français travaillent en effet dans des collèges difficiles contre 20 % en moyenne dans l’OCDE.

5- L’enseignant français ne sait pas adapter son cours à la réalité de ses élèves : il s’occupe du « groupe classe », et non de chaque élève. Ainsi, il continue à gérer sa classe comme un tout homogène. 22 % seulement des enseignants déclarent donner des travaux différents aux élèves de leur classe, contre 44 % en moyenne dans l’OCDE. On peut y voir légitimement le poids néfaste de l’idéologie égalitariste sur notre système. Les professeurs français savent moins que les autres faire travailler les élèves par petits groupes ou utiliser les TIC (Technologie de l’Information et de la Communication) ou encore vérifier efficacement que tous maîtrisent le contenu du cours…

6- En France, le monde enseignant ne croit pas en l’évaluation des professeurs

Les enseignants français sont bien plus inspectés et contrôlés que dans le reste des pays de l’OCDE. En effet, 70 % des professeurs ont été inspectés par une personne de l’extérieur (le fameux inspecteur !) contre seulement 29 % en moyenne dans l’OCDE.

Et en plus, le professeur français ne croit pas aux vertus de l’inspection puisque 12 % seulement des professeurs pensent que l’inspection peut servir à quelque chose (contre 40 % en moyenne OCDE).

7. Les enseignants français sont mal préparés sur le plan pédagogique

Beaucoup d’enseignants français reconnaissent qu’ils n’ont pas appris le métier : 40 % d’entre eux se déclarent “mal” ou “pas du tout préparés” à la pédagogie et à la gestion de classe, la proportion la plus élevée, alors que la moyenne de l’OCDE est à 11 %. Quant à la formation continue, elle ne correspond pas aux besoins, et ceci, quels que soient les pays.

Rien ne semble plus urgent que de relever la condition enseignante. Quelques propositions pour ce faire :

–          Donner aux professeurs le libre choix de l’établissement dans lequel ils souhaitent enseigner et laisser aux directeurs la possibilité de recruter librement leur équipe éducative,

–          Supprimer les inspections et évaluer les élèves dans le cadre d’examens systématiques en début et en fin d’année , un bon professeur étant un professeur qui arrive à faire progresser ses élèves,

–          Former les professeurs en pédagogie et didactique en les envoyant en stages longs durant leur formation auprès de professeurs expérimentés et en leur donnant un tuteur pour les conseiller les premières années,

–          Inciter les professeurs à scinder leurs classes en groupes de niveau, lesquels sont réajustables régulièrement, pour permettre à chaque élève de recevoir un enseignement adapté au niveau effectif qu’il a dans la matière concernée,

–          Prévoir des petits bureaux pour les professeurs pour qu’ils puissent recevoir les élèves et les parents ; une partie de leur temps de travail rémunéré doit être officiellement réservée à cela,

–          Inciter les professeurs à échanger entre pairs tant sur le fond que sur la pédagogie (formation continue entre pairs, selon la méthode finlandaise) et les habituer à accepter dans leur classe les observateurs qui le désirent : directeurs, parents, professeurs.

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