16 décembre 2013

L’école qui donne un choix à ceux qui n’en ont pas

ouv actu ecole.pdf - Foxit ReaderLe hors-contrat serait réservé à une élite financièrement aisée et vivant dans les quartiers cossus des grandes villes ? Eh bien non, c’est faux, et cela se sait de plus en plus. Les écoles indépendantes sont justement celles qui rendent le choix à ceux qui n’en ont pas. Cette vérité remarquée par les connaisseurs des écoles indépendantes s’est désormais répandue largement grâce à la médiatisation de l’école pilote Alexandre-Dumas, installée en plein cœur de la Seine-Saint-Denis, dont les frais de scolarité n’excèdent pas 75 euros par mois.

Alexandre-Dumas est une jeune école qui tire sa force de la liberté que le statut hors contrat lui assure : grâce à sa liberté de recrutement, elle choisit des professeurs qui sont aussi des éducateurs pour s’adapter aux défis de la banlieue sensible. Libre de ses horaires, elle demande à ses professeurs d’être présents et disponibles pour les enfants de 7 heures 45 à 19 heures, afin de permettre aux familles commençant le travail très tôt et finissant tard de ne pas livrer leurs enfants à la rue ou à la télévision. Libre de ses programmes, elle adapte ses progressions au niveau réel des élèves et n’hésite pas à consolider leurs connaissances fondamentales tant qu’il le faut. Enseigner l’histoire de France est plus urgent que de couvrir des thématiques transversales peu structurantes pour des enfants à la recherche de repères culturels. Libre de ses rythmes scolaires, elle organise sept heures et demie de sport par semaine aux heures de basse concentration après quatre heures de cours intensifs le matin, et avant un devoir sur table noté quotidien. Les études encadrées obligatoires sont organisées en fin d’après-midi, quand revient la concentration.

Née de l’initiative de la société civile, cette école est aussi une œuvre de réhabilitation et de soutien des familles : aisées ou pauvres, catholiques, athées, hindoues ou musulmanes, elles sont les premières responsables et éducatrices de leurs enfants. L’école apprend aux enfants le respect dû aux parents de mille manières. Et ça marche ! Ainsi, lorsqu’il faut prononcer une sanction importante, les parents sont convoqués, la sanction est définie avec le corps professoral pour qu’elle soit réaliste et efficace, puis signifiée à l’élève par les parents dans le bureau du directeur en présence de ce dernier. Pas moyen d’opposer les parents à l’école, soudés pour le bien de l’enfant. C’est un aspect fondamental de l’école. Sa ligne éducative est aussi très différente des écoles ordinaires : Baden Powell, l’Eau vive, les traditions des écoles britanniques (uniforme, sens de la communauté, responsabilités concrètes dès le CP…) inspirent l’équipe éducative emmenée par Albéric de Serrant.

L’école est organisée en différentes sizaines interâges. Elles sont par exemple chargée à tour de rôle d’assurer le lever des couleurs : un moment aimé des enfants comme des parents. Le port de l’uniforme est aussi une source appréciée de fierté et d’unité dans l’école. Il aide les adolescents à se libérer de préoccupations matérialistes pour se concentrer sur la vie de l’esprit. Et cela représente une source non négligeable d’économies pour les familles. Tous ces éléments constituent un modèle d’école original qui suscite l’intérêt d’un nombre croissant d’élus locaux de tous bords à la recherche de solutions éducatives performantes et réalistes dans le contexte actuel. Moins coûteuse que l’école publique (3 658 euros contre 5 730 au primaire et 9 670 au secondaire dans le public), l’école Alexandre-Dumas, devenue école pilote, forme des professeurs susceptibles d’exporter ce modèle éducatif innovant dans d’autres banlieues.

L’inspectrice de l’Éducation nationale chargée de contrôler l’école Alexandre-Dumas a témoigné, lors d’une interview radiophonique le jour de l’inauguration de l’école, de la capacité de l’école pilote à remettre au travail des enfants à l’état d’abandon scolaire jusque-là : « C’était un enfant qui avait d’importantes difficultés dans notre école [ndlr : publique]. Il avait des blocages importants. Nous n’arrivions pas à les lever. Apparemment là ça a fonctionné. Il est vrai qu’ici il y a beaucoup moins d’élèves. On peut passer plus de temps avec chacun. Cet enfant est redevenu élève, ce qu’il n’était plus. Il était plus qu’en échec scolaire. C’était du refus de travailler, d’apprendre pour des raisons très profondes mais qui semblent avoir été traitées par le petit groupe et l’attention qu’on lui a portée. Même si dans le cadre de l’école publique nous avons fait vraiment tout ce qu’on pouvait, il y avait des blocages et une classe plus chargée aussi. »

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