Rythmes scolaires : “certains élèves de maternelle sont à l’école 50 heures par semaine !”

La réforme des rythmes scolaires voulue par le ministre Vincent Peillon pose décidément problème sur le terrain. Il faut reconnaître qu’il serait plus simple que les directeurs d’établissement décident eux-mêmes des rythmes à appliquer en fonction des caractéristiques de leurs écoles. Après la lettre des directeurs du VIè, voilà une nouvelle lettre dans le même esprit pour le XIè. 

L’Amicale des directeurs du 11è arrondissement à Madame Mathieu, Directrice de la DASCO

Madame

Les directeurs de l’Amicale du 11è arrondissement en réunion le 19 septembre, ont dressé un constat de cette rentrée scolaire qui n’a eu de scolaire que le nom puisqu’elle a été envahie  par de trop nombreux  dysfonctionnements liés à la mise en place des ARE.
Ces dysfonctionnements dont vous avez sans doute été informée prennent des proportions telles qu’ils nuisent à la qualité  de l’école dont le rôle premier reste, il nous semble, un rôle d’enseignement.

Les problèmes d’hygiène, de sécurité, l’occupation des locaux scolaires de manière quelquefois irrespectueuse du matériel et des règles  conduisent souvent le personnel de l’éducation nationale à se demander quelle  est désormais sa place dans l’école.
Les élèves eux-mêmes, outre la fatigue déjà constatée par les enseignants comme par les parents, (certains élèves de maternelle sont à l’école 50 heures par semaine !) ont des difficultés à comprendre l’organisation de leur journée, identifier les adultes qui se succèdent, se repérer dans les locaux. Ces problèmes sont amplifiés en ZEP où de nombreux élèves n’ont pas de cadre structurant et rassurant autre que celui de l’école. En maternelle comme en élémentaire, beaucoup d’élèves n’ont pas assez de repères et n’identifient plus l’école comme lieu institutionnel, protecteur,  où l’on vient pour apprendre et où tous sont soumis aux mêmes règles de vie. La succession de référents au fil de la journée induit confusion et angoisse et repousse les limites des élèves.

Nous avons constaté également une grande confusion entre le scolaire et le périscolaire pour certains  parents qui deviennent des consommateurs d’école en inscrivant, désinscrivant leurs enfants et exigeant des horaires à leur convenance, le terme « facultatif » étant interprété comme « à la carte ». Cette tendance notée par tous les directeurs, induit une charge de secrétariat exponentielle chaque jour (lecture des cahiers de correspondance, courriers, messages oraux..).

Il nous semble donc urgent que vous apportiez des réponses aux nombreuses questions qui se posent :
-Obtiendrons-nous rapidement, notamment en maternelle, suffisamment d’agents, en terme d’heures mais aussi de créneaux horaires pour effectuer l’entretien des écoles ? Dans beaucoup d’écoles, il n’y a toujours pas d’agents le matin, avant l’arrivée des élèves, pour nettoyer les cours, en élémentaire, les ATE arrivent à 9h15 le mercredi.
-La grille des tâches des ASEM et ATE est trop lourde et  souvent inadaptée aux contraintes de chaque école car elle n’a aucune souplesse. Quelle est la marge du directeur ?
-La répartition des tâches entre ASEM et animateurs n’est pas claire et génère certains conflits  dont les enfants sont victimes : qui change un enfant pendant la cantine, l’ARE et la garderie ?
-Les formations des ASEM, les RTT sont essentiellement programmées les lundis et jeudis, ce qui désorganise les journées de classe les plus longues. Le nombre de jours de formation augmente, notamment à cause des demandes de formation à l’animation, ceci sera-t-il pris en compte dans les dotations de postes de remplaçantes ? Les absences seront-elles remplacées ?
-De nombreux problèmes liés à la sécurité ont  lieu au moment de la sortie de 15h, notamment des enfants qui sortent de l’école alors qu’ils sont inscrits à l’étude. Quelle solutions proposez-vous pour gérer ces sorties ?
-Beaucoup de directeurs font état d’animateurs qui posent problème par leur tenue, leur langage ou le contenu des activités. Est-il prévu d’améliorer le recrutement et la formation de ces animateurs ?
-Certains intervenants associatifs ne connaissent pas les règles de sécurité en vigueur dans les écoles (déplacements des élèves, surveillance), une information de ces personnels est-elle prévue ?
-Dans les écoles maternelles, très peu d’activités intéressantes pour les enfants sont proposées en comparaison des écoles élémentaires. Beaucoup disent s’ennuyer ou « ne rien faire ».Est-il prévu d’y améliorer la qualité et la diversité des  activités ?
-Doit-on continuer à autoriser des sorties à 12h30 et 13h30 le mercredi midi ?
-Des informations contradictoires nous sont données sur les modalités d’inscription aux ARE. Les familles pourront-elles choisir les activités, la participation de l’enfant est-elle obligatoire lorsqu’il est inscrit, les inscriptions à un atelier sont  effectives sur quelle durée ?
Dans l’attente de réponses concrètes  qui nous permettraient de garantir des conditions d’accueil et de travail plus sereines pour nos élèves, veuillez agréer, Madame, l’expression de mes salutations respectueuses.

Pascale Chartier, présidente de l’Amicale du 11è
Ecole Maternelle – 39 rue des 3 Bornes – 75011 Paris

Copie à : Madame C. Brossel, adjointe au Maire de Paris chargée de la vie scolaire et de la réussite éducative, M. Bloche, maire du 11è, M. Ducloux, chargé de la vie scolaire et périscolaire du 11è, Mme Montaux, inspectrice de la 11B, M. Milesi, inspecteur de la 11A.