25 janvier 2012

Un tempérament bien trempé: Sourour Pivion, jeune fondatrice d’écoles dans le 93

Le témoignage de vie de Sourour Pivion bat en brèche les idées reçues. Ceux qui voudraient croire que les écoles indépendantes ne se créent que dans les beaux quartiers ont tout faux. Exit aussi la bonne vieille croyance en la nécessité d’être fortuné pour créer son école, ou de bénéficier d’un gros réseau social. Sourour Pivion a créé pas moins de trois écoles en Seine-Saint-Denis, dans des cités et des HLM. Portrait.

Sourour Pivion est une jeune femme d’origine maghrébine, passionnée par l’enseignement et bien déterminée à tracer librement son chemin en ce domaine, hors des sentiers battus.

Son implication personnelle, sa sérieuse formation initiale à la source même de la méthode Montessori et son audace ont été ses vraies richesses.

« La décision de créer une école Montessori faisait partie de mon projet de vie. L’ensemble de mon activité a été tourné constamment vers ce but. Les divers emplois que j’ai occupés avant d’entrer dans la vie éducative n’étaient que des moyens afin de pouvoir obtenir l’argent nécessaire pour passer mes diplômes, d’abord celui d’institutrice, puis mes diplômes internationaux d’éducatrice Montessori à l’issue d’un parcours d’études à Perugia en Italie auprès de Maria Antonietta Paolini, élève de Maria Montessori. Quand j’ai travaillé en milieu Montessori, j’ai commencé à ramasser dans les rues, les caves, tous les rebuts qui pouvaient s’intégrer demain dans un projet d’école. C’est en 1998 que l’opportunité de faire aboutir mon projet d’école s’est présentée. Dans une cité populaire de la ville de Romainville, les locaux professionnels de rez-de-chaussée d’HLM ne trouvaient pas preneur. C’est là que j’ai ouvert ma première école. »

Pour Sourour Pivion, « Montessori, ça ne se consomme pas, ça se vit ». C’est ce qu’elle dit aux parents à la recherche de solutions pour leur enfant. L’enfant progressera à son rythme, manipulera les objets pour accéder à la connaissance et sera maître du rythme de sa progression. Il développera une forte autonomie, sans comparaison avec celles des enfants éduqués dans un environnement scolaire classique. Ce n’est donc pas un choix anodin.

Convaincue de la puissance pédagogique dela méthode Montessori, Sourour Pivion a créé, après sa première école ouverte à Romainville en 1999, une seconde école au Pré Saint-Gervais en 2001 puis une troisième à Montreuil en 2007. Non sans bataille ! Peut-être parce que l’école conçue sous la forme d’une société commerciale est payante : 495 euros de frais de scolarité mensuels sont demandés aux parents. Elle n’est donc pas accessible à toutes les bourses, surtout dans le 93. Mais selon Sourour Pivion, elle est malgré tout un instrument de mixité sociale et de brassage géographique, les parents n’hésitant pas à venir au pied des barres HLM pour déposer leur enfant à l’école.

Ses écoles bénéficient aujourd’hui d’un véritable soutien politique de la part des élus qui en comprennent le bien-fondé.

« Il y a une vraie demande dans notre ville », estime Patrick Darré, adjoint au Maire chargé de l’éducation, présent à l’inauguration. On peut regretter que ces méthodes ne soient pas utilisées dans le public. En tout cas, ces méthodes Montessori ne font pas concurrence à nos établissements. C’est une offre complémentaire. »

Mais Sourour Pivion n’en est pas restée là. Depuis 2008, elle enseigne à l’IRTS (Institut régional de travail social) à Neuilly-sur-Marne, au sein du département des sciences de l’éducation. Elle y transmet aux futurs éducateurs de jeunes enfants, assistantes sociales et éducateurs spécialisés les différentes méthodes et techniques qu’elle a créées à partir de sa pratique de la pédagogie Montessori.

Elle a aussi créé un cabinet d’audit et de formation pédagogique en 2008, Primascola, qui accompagne professionnellement des porteurs de projet d’école Montessori en France et à l’étranger, notamment au Maghreb. Elle a accompagné ainsi des créations de structures Montessori en Martinique et en Guadeloupe. Dans le cadre de la structure Kenzi, elle travaille au développement de la pédagogie Montessori dans le monde arabe.

Enfin, à l’issue de huit années de recherche relative à la langue arabe, sa langue maternelle, elle vient de lancer, avec l’aide de Zouzi Chebbi, professeur de philosophie à Paris VIII, poète et calligraphe, un matériel Montessori en langue arabe. C’est une création mondiale. Il s’agit de permettre aux enfants de maternelle – et à tout âge – d’apprendre la graphie et la langue arabe. De quoi révolutionner dans le 93 l’approche de cette langue et de la culture qui s’y rattache !

Coordonnées des écoles qu’elle a fondées :
Maison des enfants : 8, place Séverine – 93310 Pré Saint Gervais
Maison des enfants : Le Haut de Montreuil – 105 rue Émile Beaufils – 93100 Montreuil
Pour téléphoner à ces écoles : 01 48 44 55 56 – 06 63 55 22 70

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