5 juin 2017

Des hommes s’engagent pour l’éducation

Les écoles indépendantes connaissent un vif essor. Pourtant créer une école reste difficile. C’est un parcours du combattant, surtout lorsque le projet est social, la forme de l’école associative à but non lucratif, et qu’il faut tout faire pour maintenir les coûts le plus bas possible. Mais le défi le plus important aujourd’hui est celui des hommes, dont Jehan Bodin nous dit qu’ils constituent “la seule vraie richesse”.

Trouver des directeurs et des directrices est la chose la plus délicate. Cela représente beaucoup de responsabilités, beaucoup de travail et de présence pour un salaire fort éloigné de celui des banquiers ! Mais on note avec admiration qu’il y a de plus en plus de jeunes, et en particulier de jeunes hommes, qui décident de s’engager comme directeur d’école. Ils sentent que c’est un lieu décisif pour celui qui veut s’engager, une mission à laquelle les chrétiens et personnes ayant le sens du bien commun chevillé au corps ont toutes les raisons du monde de vouloir consacrer leur vie.

Nous reproduisons ici l’interview d’un professionnel chevronné de l’éducation, Frédéric Prat, qui vient d’accepter de prendre la direction d’une petite école dans les Pyrénées.

Après trois ans d’existence, le cours Cestac souhaite prendre un nouvel essor, et décide de confier à une personne d’expérience la direction de l’école et son futur développement. Frédéric Prat quitte la direction d’un patronage en pleine croissance qu’il a créé à Marseille avec son épouse il y a à peine deux ans et rejoint le cours Cestac pour l’année scolaire à venir (voir article ci-dessous sur le patronage). Une décision qui ressemble à un coup de cœur : laissons lui la parole.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans le projet du Cours Cestac ?

Je n’avais pas en tête de répondre positivement à cette proposition. Mais passant quelques jours de vacances non loin de là, nous avons eu l’occasion de visiter l’école. Après un bref entretien, j’ai eu ce coup de cœur dont vous parlez. Ayant participé à la création du cours Frédéric Ozanam à Marseille, deuxième école du mouvement Espérance Banlieues, j’ai souhaité créer une nouvelle école qui s’adresse à tous et qui mette en œuvre le meilleur de ce qui se fait en matière de pédagogie. Le Cours Cestac m’offre la possibilité de réaliser ce projet dans de très beaux locaux, fonctionnels et à la campagne. Quel meilleur endroit pour faire grandir des enfants ? Un esprit d’amitié et de bienveillance irrigue cette école : quelle meilleure ambiance pour le passionné de Don Bosco que je suis ?
On pourrait ajouter bien d’autres éléments pour expliquer ce coup de cœur : une école qui a bonne réputation, des effectifs réduits, des fondateurs engagés et ambitieux, une région dont tout le monde vante les mérites, une ambiance familiale avec la participation de nombreux bénévoles, un intérêt manifeste pour des pédagogies que je connais bien, etc.

Quelles sont ces pédagogies que vous appréciez ?

Ces vingt dernières années, j’ai œuvré dans des associations qui aidaient les élèves en difficulté scolaire, comme par exemple la Maison Bernadette dont j’étais le directeur pédagogique (http://www.massabielle.asso.fr/). A la recherche d’outils concrets pour les faire progresser, j’ai eu la chance de travailler avec de formidables enseignants, comme Antoine de la Garanderie et Elisabeth Nuyts qui m’ont formé à leurs travaux. J’ai aussi œuvré une quinzaine d’années à l’association Lire-Ecrire que je préside depuis 5 ans (association spécialisée dans l’apprentissage de la lecture). Les enfants accompagnés, les formations reçues, les nombreux échanges avec des enseignants, les formations pédagogiques données à l’ILFM et dans diverses associations d’accompagnement scolaire, ainsi qu’une recherche personnelle sur les meilleurs moyens d’instruire les enfants, constituent un bagage cohérent et diversifié que je souhaite mettre au service du Cours Cestac.

C’est une véritable pédagogie de la réussite que nous mettrons en œuvre avec l’équipe enseignante afin d’entretenir chez chaque enfant la soif d’apprendre avec laquelle il est venu au monde. Cette pédagogie articulera un enseignement structuré, progressif et explicite, et un accompagnement personnalisé des enfants qui leur permettra de développer des manières d’apprendre efficaces, sans jamais perdre confiance en eux. Je devrais vous parler maintenant de la belle oeuvre de Maria Montessori, des formidables travaux d’Antoine de la Garanderie, des étonnantes découvertes d’Elisabeth Nuyts mais cela nous entraînerait trop loin.

Qu’attendez-vous des parents ?

En premier lieu, qu’ils nous fassent confiance. Nous veillerons particulièrement à la qualité de ce qui sera transmis aux enfants (avec notamment le cours Sainte-Anne), et nous nous attacherons aussi à ce qu’ils profitent bien de ces enseignements. Ensuite, je demanderai aux parents de nous alerter chaque fois que leur enfant aura un peu moins envie d’aller à l’école. Ceci traduit souvent une difficulté qui peut être résolue rapidement si nous sommes prévenus. L’école doit être pour l’enfant un lieu où il s’épanouit et apprend dans la joie. Enfin, nous expliquerons aux parents notre manière de travailler, ce que nous avons découvert chez leur enfant, afin qu’ils puissent nous seconder utilement.

Le cours Cestac, c’est aussi un beau projet spirituel. Qu’en pensez-vous ?

J’ai travaillé dans des œuvres catholiques très diverses, qui accueillaient des familles de sensibilités variées. J’ai découvert combien les chemins de Dieu étaient multiples. Pour cela, je crois important d’aider l’enfant à approfondir sa relation personnelle avec Jésus, en respectant sa liberté.

Avec les frères de la fraternité saint Thomas Beckett et les sœurs de la famille missionnaire Notre-Dame-des-neiges, il me semble que les enfants sont en de bonnes mains. Ils apprendront le contenu de leur foi et découvriront combien ils sont aimés de Dieu. Ils apprendront aussi, en suivant l’exemple du bienheureux Louis Edouard Cestac, et par des actions concrètes, à rencontrer Jésus dans le plus pauvre et le plus petit.

Comment voyez-vous le développement de l’école ?

Le Cours Cestac s’est développé grâce au soutien de personnes très généreuses qui veulent donner le meilleur aux enfants. La participation demandée est abordable pour les familles, malgré l’absence de subventions de l’état (proche du coût d’une école privée sous contrat). Aux parents qui hésitent, je leur propose de bien réfléchir pour ne pas laisser passer cette chance pour leur enfant. L’école privilégie des effectifs réduits pour prendre soin de chaque enfant : le nombre de places est limité.

Nous aurons trois classes à la rentrée. Un niveau GS/CP/CE1 ; un niveau CE2/CM1 et un niveau CM2/6e.

Nous serons l’une des premières écoles à utiliser une méthode de lecture-écriture alphabétique conçue par Elisabeth Nuyts qui fait la synthèse de ses travaux et permet d’éviter tout ce qui pourrait gêner l’apprentissage de l’enfant et produire des dysfonctionnements (dyslexie, dysorthographie, etc.). De quoi donner un très bon départ à votre enfant dans l’univers de la lecture.

L’autre nouveauté de cette rentrée, c’est l’ouverture d’une classe de 6e. Ingénieur de formation, ayant déjà enseigné en collège et lycée, je m’occuperai personnellement de la classe de CM2/6e et du développement futur du collège dont l’enjeu est important. Des enseignants interviendront ponctuellement pour les élèves de 6e sur des disciplines plus spécifiques.

Un dernier mot ?

Je voudrais remercier les enseignantes de ces trois premières années, et en particulier la directrice de l’école, Mademoiselle Claire Kayanakis, qui a maintenu le cap malgré les difficultés du démarrage (déménagements, travaux, etc.). Je reçois une belle école en héritage et je mesure bien l’attente des familles.

Je suis impatient de connaître les enfants et leur famille mais il me faudra attendre le mois d’août. Je dois en effet m’occuper du patronage de Marseille, prendre le temps de passer la main et dire au revoir aux 80 enfants qui l’ont fréquenté cette année. Il n’est jamais facile de quitter un lieu mais je suis très heureux de rejoindre le cours Cestac et de faire profiter de nouveaux enfants de mon expérience.

Et si vous voulez échanger ou obtenir des précisions, n’hésitez pas à m’écrire à l’adresse courriel [email protected]

Pour en savoir plus sur le cours Cestac : http://cours-cestac-64.fr/

Introduction d’Anne Coffinier

Interview par Guillaume d’Alençon

Article des directeurs du patronage :

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