31 août 2011

Et si nous prenions de nouvelles habitudes ?

Il est temps de nous guérir de bien mauvaises habitudes si nous voulons vraiment sortir l’école de l’ornière :

  • Guérir de notre prétention bien française à croire notre système éducatif au-dessus de toute comparaison internationale, arrogance qui nous empêche de profiter des expériences étrangères et nous condamne à un huis clos franco-français où les lectures idéologiques priment l’humble analyse des faits.
  • Guérir d’un certain atavisme centralisateur qui compromet toutes les réformes, dont la récente proposition d’accorder des primes aux proviseurs. Les directeurs d’école ne sont pas des exécutants ; ils sont l’autorité décisionnaire normale de l’échelon de décision normal qu’est l’établissement scolaire. Osons enfin fonder l’organisation scolaire de notre pays sur le principe de subsidiarité !
  • Guérir de notre passion égalitariste, si bien dépeinte par Tocqueville. Notre offre scolaire est trop peu diversifiée. Trop d’enfants ne sont pas adaptés à l’école qui leur est imposée. Conséquences ? Échec scolaire, nivellement par le bas. Prenons enfin en compte la singularité des enfants découlant de la diversité de leurs aptitudes et de leurs aspirations !
  • Guérir de notre vision individualiste de l’éducation. Pour se préparer aux exigences de la vie dans la Cité, rien de tel que de prendre ses marques dans la micro-société qu’est la communauté scolaire, forte de ses codes et de ses valeurs positives clairement exprimées. Osons nous mettre à l’école des Public schools britanniques.
  • Guérir enfin de notre complaisance à l’égard des idéologies du moment – jeunisme, relativisme, matérialisme… – qui sapent les fondements mêmes de l’institution scolaire. L’école doit s’affirmer fièrement comme un sanctuaire du savoir, de la culture et de la vie de l’esprit, tels les monastères aux temps barbares (sont-ils si éloignés ?). Ce faisant, nul doute qu’elle ne sera guère en phase avec les valeurs dominantes. Il faudra assumer ce décalage : pour renaître, l’école devra être de manière totalement décomplexée un lieu de contre-culture !

Anne Coffinier, directrice et cofondatrice de la Fondation pour l’école

Editorial des Chroniques de la Fondation, n° 5, février 2011.

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