11 septembre 2018

Ni vain mot ni gros mot, l’autonomie s’avère être un puissant levier de réussite(s) !

Dans un récent entretien avec Le Figaro que nous nous permettons de reproduire ici, le directeur de l’Ecole Alsacienne, école privée sous contrat avec l’Etat et réputée pour sa qualité, dévoile les clés de son succès.
Autonomie du directeur d’établissement dans ses recrutements et ses méthodes, forte implication des parents dans l’école, adaptation des contenus aux talents de l’enfant… Cela ne nous rappelle-t-il pas quelque chose ? 🙂 Oui, hors contrat et sous contrat empruntent parfois les mêmes chemins pour atteindre l’excellence !


Pierre de Panafieu : «L’autonomie des établissements scolaires est primordiale»

INTERVIEW – Le directeur de l’École alsacienne, Pierre de Panafieu, publie avec le journaliste Éric Chol, patron de Courrier international, « Cas d’écoles» chez Fayard. A travers les recettes pédagogiques de l’établissement parisien privé sous contrat avec l’Etat et laïque, il livre une réflexion sur notre système éducatif.

LE FIGARO. – Quelle est la spécificité de l’École alsacienne?

Pierre de PANAFIEU. – C’est la relation que nous nouons avec nos 1800 élèves. Notre mission est de leur fournir les moyens d’exploiter au mieux leur potentiel pour s’insérer dans le monde tel qu’il est et qu’il sera. Aussi, l’élève doit-il disposer d’une bonne culture générale, avoir confiance en lui et savoir accorder sa confiance.

Un héritage protestant des fondateurs…

Ou plus précisément de leur héritage culturel car notre établissement est laïque. Nos fondateurs ont cru en une école qui élève les enfants en essayant de les convaincre plutôt que de les contraindre. D’où l’absence, par exemple, du port de l’uniforme, l’introduction de la mixité dès 1905 ou l’usage maîtrisé aujourd’hui du numérique. Historiquement, cette vision libérale s’oppose à celle des jésuites qui, soucieux de former une élite au service de Dieu, attendaient la restitution d’un savoir déjà établi par une autorité extérieure. Nous avons gardé cet esprit d’ouverture.

«Si l’école n’est pas la famille, nos fondateurs ont, toutefois, toujours défendu l’importance de la relation entre les deux»

Pierre de Panafieu

Comment cela se traduit-il concrètement?

La reconnaissance des capacités de nos élèves ne se fonde pas seulement sur les seules performances scolaires mais sur la musique, le sport ou le théâtre qu’ils peuvent pratiquer au sein de l’établissement… De même, nous multiplions l’offre de langues étrangères et de séjours hors de France. Nous croyons également aux vertus du travail collaboratif dans et en dehors des classes et entre élèves de niveaux différents.

Autre caractéristique: assurer une continuité de l’apprentissage scolaire. Les deux tiers de nos élèves entrés à l’école primaire se retrouvent en terminale. La contrepartie est la liberté de choisir nos élèves, soit, chaque année, 200 recrues sur près de 2000 candidats.

L’origine sociale de vos élèves est un atout.

Il est vrai que le VIe arrondissement est devenu l’un des quartiers les plus chers de Paris. Mais notre bonne réputation repose sur d’autres facteurs: pour nous, l’école vise à l’apprentissage de la culture scolaire, dans un lieu où les élèves doivent apprendre à construire des relations avec autrui, relations qui ne sont ni choisies ni héritées.

Si l’école n’est pas la famille, nos fondateurs ont, toutefois, toujours défendu l’importance de la relation entre les deux. Tous les mois, un comité quadripartite, qui réunit représentants des élèves, des parents, professeurs et la direction débat des options fondamentales de l’école.

Comment améliorer cette relation parents-école dans les zones moins favorisées?

En accueillant les parents dans l’établissement comme des partenaires naturels et légitimes. En les aidant, surtout, à comprendre les différents parcours que peuvent suivre leurs enfants en fonction de leurs capacités. Pour cela, il est important de favoriser les relations entre les établissements d’enseignement général, professionnel et technologique. D’où notre programme de bourses «Jean-Baptiste Charcot», développé avec le collège Pierre-de-Ronsard, classé en réseau d’éducation prioritaire, à Tremblay-en-France.

Les anciens élèves de l’École constituent un réseau à vie.

Nos anciens élèves ne partagent ni ce sentiment de «l’entre soi», ni un système de cooptation pour d’éventuels postes. En revanche, ils pratiquent avec les actuels élèves une forme d’entraide qui permet d’échanger des informations sur les filières et les métiers qui peuvent les intéresser.

«Les deux tiers de nos élèves entrés à l’école primaire se retrouvent en terminale. La contrepartie est la liberté de choisir nos élèves»

Pierre de Panafieu

Quid des réformes de Jean-Michel Blanquer?

Le ministre, un fin connaisseur du système éducatif, a pris de bonnes décisions, comme l’interdiction du portable au collège, la division par deux des classes de CP et de CE1 ou la réforme du baccalauréat avec son tronc commun qui permettra aux élèves de suivre une formation plus proche de leurs goûts et de leurs aptitudes. En revanche, il faudra repenser Parcoursup en y introduisant l’obligation pour les lycéens de hiérarchiser leurs vœux pour éviter qu’une trop longue attente les inquiète inutilement. Enfin, il faut plus de précisions sur le projet d’évaluation des établissements. C’est un sujet qui nécessite temps et concertation.

Quelle est la mesure prioritaire à prendre?

Dans le respect des obligations fixées par l’État, il faut accorder davantage d’autonomie aux établissements publics, à l’image du fonctionnement des établissements privés sous contrat avec l’État tel que la loi Debré l’a défini en 1959. Une plus grande marge de manœuvre financière permettrait d’harmoniser les besoins matériels en fonction des priorités pédagogiques. De même, une plus grande liberté doit être accordée dans le recrutement des professeurs et des élèves. Tout cela doit pouvoir faire l’objet d’un débat dépassionné pour le plus grand bénéfice de nos élèves.

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